Le Mali, pays de Djatiguiya. C’est une valeur sociétale que le président de la transition malienne, le Col. Assimi Goita ne cesse de faire revivre à toutes les fois qu’il s’agit d’accueillir des hôtes.
Quelle marque de considération, surtout à l’égard d’un ami et d’un fils du Mali : une remise symbolique d’eau et de noix de cola pour souhaiter la bienvenue au président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo.
« Les sanctions fragilisent et exposent le Mali »
Cette visite de l’ancien général de brigade est assez symbolique. Âgé de 49 ans, Umaro Sissoco Embaló est un spécialiste des questions de défense et des relations diplomatiques. En tant qu’ancien représentant de la Libyan African Investment Company (Laico), un fonds d’investissement libyen en Afrique de l’Ouest, M. Embalo dispose d’un grand réseau à l’international.
À un moment où les autorités maliennes de la transition vivent sous le coup de suspension de plusieurs organisations régionales et sous-régionales, cette visite de travail et d’amitié est un ouf de soulagement.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, demandait d’ailleurs, au cours d’une rencontre avec le corps diplomatique, le 22 juin dernier, « la compréhension de la Communauté internationale et une lecture plus réaliste et pragmatique » des récents événements survenus au Mali. Le ministre Diop invitait donc la Communauté internationale de continuer à accompagner le Mali. Car, précisait-il, « les sanctions fragilisent et exposent le Mali, voire la région, confrontée à une crise sécuritaire ».
Échange d’expériences
Selon le président Embalo, il s’agissait pour lui « de venir partager l’expérience de la Guinée avec le Mali ». Car ce pays lusophone d’Afrique de l’Ouest a connu des années d’instabilité politique avant de retrouver sa voie, a rappelé M. Embalo, au cours d’un entretien accordé à la presse, ce samedi.
Cette visite est pleine de significations pour le Mali. En plus des échanges sur la question sécuritaire au Sahel, les deux hommes en kaki ont discuté également d’économie. Selon le chef d’État bissau-guinéen, un accord de coopération bilatérale a existé entre le Mali et la Guinée-Bissau, depuis les années 1983. Un accord qui concerne tous les domaines, mais qui peine à entrer en vigueur bien vrai que « beaucoup d’hommes d’affaires maliens vivent en Guinée-Bissau ». Il s’agit, pour lui, de réactiver cet accord.
À ne pas oublier surtout que le président Bissau-Guinéen est malien de par ses origines maternelles. C’est pourquoi dès son atterrissage, vendredi dernier, à l’aéroport international Modibo Kéita de Bamako-Senou, il a rassuré les Maliens.
Tout en rappelant la situation particulière que vivait ce pays, M. Embalo rassure qu’à chaque fois qu’il s’agira de rapprocher ses frères maliens, il le fera avec plaisir. « Je continue à donner mon appui au peuple malien et j’attends des Maliens la paix et la concorde », a-t-il fait savoir.
Relations historiques ?
« C’est dans les moments difficiles qu’on reconnait ses vrais amis », dit-on. Cette marque de considération pour le Mali de la part de M. Embalo n’a pas commencé aujourd’hui. Alors que les autres chefs d’État de la Cédéao, réunis le 20 août dernier en visioconférence, condamnaient le Mali et branlaient des menaces contre les membres de l’ex-Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), le président bissau-guinéen est celui qui a invité à étendre la condamnation aux chefs d’État qui nourrissaient des projets de troisième mandat « anticonstitutionnel ». Ce qui sous-entendait que s’il fallait condamner le CNSP pour le putsch contre IBK, il fallait également condamner Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara pour leurs projets de troisième mandat, qui constituaient à ses yeux un coup d’État.
En compagnie du président de la transition malienne, le président Umaro Sissoco Embalo a effectué une visite au Musée National de Bamako, samedi 26 juin 2021. Cette visite d’amitié et de travail a été largement appréciée par l’actuel locataire de Koulouba. Assimi Goita salue le leadership de son homologue bissau-guinéen.
Après cette visite de M. Embalo, il reste à espérer que d’autres pays et partenaires suivent le pas afin d’accompagner le Mali dans ce processus de transition.
Rappelons qu’historiquement, le Mali et la Guinée-Bissau entretiennent de véritables relations.
Fousseni Togola
Source : Sahel Tribune